Le jour du dépassement en France est déjà passé : faut-il s’habituer à vivre à crédit ?

Début avril 2025, la France a franchi un seuil symbolique mais lourd de sens : celui de son jour du dépassement. Cela signifie que si toute la population mondiale vivait comme les Français, l’humanité aurait déjà consommé l’ensemble des ressources que la planète peut régénérer en un an. Le reste de l’année, nous vivons à crédit. Et ce crédit, contrairement à celui d’une banque, n’a pas de renégociation possible.

Ce marqueur, calculé chaque année par l’ONG Global Footprint Network, n’est pas qu’un chiffre abstrait. Il nous oblige à regarder en face un modèle de développement devenu insoutenable : notre consommation dépasse largement ce que la Terre peut nous offrir, que ce soit en ressources naturelles, en capacité de stockage du CO₂, ou en surface cultivable.

Les effets d’un système à bout de souffle

Ce dépassement a des conséquences très concrètes. Derrière cette date se cachent des réalités visibles : l’érosion des sols, la raréfaction de l’eau douce, la disparition d’espèces animales, et la montée des conflits liés à l’accès aux ressources. En France, par exemple, certains territoires agricoles commencent déjà à souffrir d’une baisse de productivité liée à l’appauvrissement des terres.

Et ce n’est que le début. Car plus nous vivons à crédit, plus nous fragilisons notre avenir commun, en hypothéquant la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Ce modèle crée aussi des tensions économiques et sociales, en accentuant les inégalités d’accès aux ressources.

Pourquoi en sommes-nous là ?

Le calcul du jour du dépassement est basé sur deux dynamiques : notre empreinte écologique et la biocapacité de la planète. Or, l’une augmente pendant que l’autre diminue.

Notre empreinte écologique ne cesse de croître avec la hausse des consommations d’énergie, de biens manufacturés, de viande ou de carburants. Dans le même temps, la capacité de régénération des écosystèmes, elle, est mise à rude épreuve par la déforestation, le changement climatique, et la surexploitation des milieux naturels.

Le modèle linéaire “extraire – produire – consommer – jeter” n’est plus viable. Mais il reste dominant, tant dans les pratiques individuelles que dans les logiques industrielles.

Que faire pour inverser la tendance ?

Il ne s’agit pas de revenir en arrière ni de rejeter tout progrès. Il s’agit de redéfinir ce que signifie “prospérer” dans un monde fini. Cela implique des choix collectifs ambitieux, mais aussi des changements individuels concrets.

Agir, c’est consommer autrement, allonger la durée de vie des objets, réduire notre dépendance aux énergies fossiles, favoriser les circuits courts, et revoir notre rapport au vivant. C’est aussi encourager les entreprises à adopter des modèles circulaires, mesurer leur impact, et prendre des décisions basées sur la sobriété.

Ces transformations ne sont pas simples, mais elles sont possibles. Elles exigent du courage politique, de la coopération à tous les niveaux, et une véritable mobilisation citoyenne.

Un avenir à construire maintenant

Chaque jour gagné sur le calendrier du dépassement est une victoire. Il ne s’agit pas seulement d’une affaire de dates, mais de trajectoires. Plus nous repoussons ce jour, plus nous donnons une chance à notre planète de respirer — et à nos sociétés de se réinventer.

Le temps presse, mais il n’est pas trop tard pour faire autrement.

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